27.4.08

Easygirl

Chez JetFacile, on a 4 semaines de formation, on a une cantine où la salade coûte 75 cts les 100 grammes et la sauce 15 de plus, on a une salle avec de la moquette orange, on apprend comment booker un voyage pour les handicapés en fauteuil les handicapés sans fauteuil comment rembourser un mort comment faire payer trois places à quelqu'un qui a une jambe cassée, on regarde des vidéos corporate, on apprend des codes sécurité extraseat paiement ca fait des cmx/b/* partout.
Tout ca on le sait. J'ai plutôt envie de parler de mes journées passées à parler anglais allemand francais avec des espagnols des italiens, de ce Canadien qui a vécu à Sarreguemines (...), de R. qui n'a pas d'adresse pas de compte en banque pas de fric dans son Hausprojekt où on peut manger des couscous à 2 euros et qui sur le chemin du retour qui me fatigue en me faisant rire avec ses listes, du soleil dans la cour inhumaine du "PhoneWorld", de mon réveil à 6h30, des rêves pendant les 1h30 de S-bahn, de la course pour attraper celui de 18h, de comment je détraque les ordinateurs au point que la formatrice a peur que je me transforme sans prévenir, des tests et des notes tous les deux jours, de la fourmillière humaine, du bruit du bip de la pointeuse le matin quand on passe les uns après les autres.
J. dit que le travail me va bien. Voire que je suis mignonne avec mon sourire d'hôtesse de l'air débordée. (j'adore ses compliments)(au moins, ils sont inédits)
Et puis c'est vrai, quand je pleure c'est plus de fatigue que d'autre chose. Les choses, les enjeux se déplacent.

Sur une terrasse je suis passée à autre chose, un nouveau souffle avec le printemps qui cette fois me surprend tous les matins café-RFI à la table de ma cuisine, j'ai l'impression d'être sortie de mon désert et pour une fois sur cette terrasse je peux regarder J sans tout ce sable dans mes yeux. Virer toute cette douleur encombrante et peut-être penser un peu à le regarder avec mes yeux qui pensent à autre chose, l'écouter parler du magasin du nouvel appart du passé. Et je vois qu'il va bien. La possibilité de la normalité me fait du bien, bières pizza dehors après une journée de travail qu'on se raconte avec des baillements, ce serait presque ca, peu importe le reste.
Quand on s'endort il dit bonne nuit mon amour, et je ne dis rien je retiens mon souffle je laisse flotter les mots dans le silence de ma grande chambre, je les goûte longtemps, je me demande quel goût ils ont pour lui, puis les oublie. L'instant est passé, il faut que j'apprenne à profiter de l'instant.

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