21.3.08

Focused

...

Je n'arrive pas à décrire. Ce qui se passe en ce moment. Bien sûr, ça m'angoisse. Réflexe normal quand on a pris l'habitude de fixer, même imparfaitement, son paysage intérieur. Mais il ne peut pas en être autrement : ce que je ressents, c'est ce que je connais(sais) pas.
J'ai l'impression d'apprendre à vivre.

Tout semble si solennel. L'atmosphère fin de partie m'atteint de plein fouet quand je vais au m*n*bar. J me montre sur ses doigts comment il est entre deux mondes de sa vie. Il y a beaucoup de souvenirs dans l'air, je suis une éponge.
Rien n'est facile, tout est symbole. Je ferme les yeux moi aussi quand il ferme les siens en dansant avec son passé aux cheveux roses.
En larmes plus tard, je comprends que je pleure pour lui, que je pleure à sa place.
J'aime J et je ne sais plus comment ça a commencé.

C'est cliché, "on apprend à s'aimer", non? Si ça pouvait être vrai, alors c'est ce que nous faisons. Je ne savais pas...

J'ai travaillé trois jours au magasin. Toute la journée, faire briller des objets vieux et abîmés, j'aime bien. Je frotte les tâches comme s'il était question d'effacer d'anciennes douleurs. On parle peu et de temps en temps je relève la tête pour le regarder au fond de l'atelier.

Ce n'est pas seulement lui. C'est tout ça, autour, qui ouvre de nouvelles perspectives. Pourtant mon regard, mes représentations, ne changent pas.
C'est l'éclat dans mes yeux que S. dit "disparu", c'est le prix à payer pour la lucidité. L'honnêteté ne fait que rendre plus vrai mon sourire. Cette impression d'être dans le vrai, je ne sais pas d'où elle vient. C'est Berlin? "Tu es devant ses cendres", dit G., un mercredi soir. Je sais qu'il a raison. Il y a beaucoup à écrire sur la mort du m*n*bar, de la maison, ce n'est pas à moi de le faire.


Moi, je suis là presque par hasard.

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