Les portes qui claquent et les larmes d'une fille qui n'était pas moi, j'ai tout eu cette nuit.
Mais puisque ça fait longtemps que je n'ai pas raconté un mercredi soir au m*n*bar, le vaudeville attendra.
Arivée à minuit, projettée dans un flot impressionnant de monde. Je n'ai jamais compris la logique particulière de l'endroit, qui fait qu'entre 10 perdus et 100 personnes son coeur balance.
Rapide coup d'oeil : J. est derrière le bar, ce soir je n'aurai pas à m'inquiéter de ce que signifie son absence. Je n'aurai pas à m'inquiéter. Pensais-je.
C'est donc parti pour une bonne soirée, 1 2 3 je compte sur mes doigts, tout le monde est là, Steffie arrive, elle a raté les derniers développements de l'intrigue amoureuse actuelle, et moi les siens, mais il faudrait aussi faire attention à ne pas parler trop fort, l'ennemi(e) est potentiellement partout, et J. à quelques mètres. N'empêche que ça va bien. H. y va de ses petits regards pour l'occasion, tellement insistants que la pensée me vient, que, peut-être, il se fout de ma gueule, là. B m'invite à danser sur Noir Désir, me touche un peu, un gros lourd inconnu pose ses mains sur mes genoux, Steffie rigole du regard de J qui surveille les mains.
Ce que j'aimais bien avant, le mercredi soir, c'était l'absolue liberté et tranquilité d'esprit que je ressentais. Mais c'est fini. Les deux. Aller au m*n*bar n'est jamais sans conséquences, la fin de la soirée n'est jamais prévisible. Dont acte. Indésirables virés, ne restent que Séb, son frère, B et moi, et J. Et puis une petite brune qui vient toquer au carreau. Une Française que je ne connais que de vue, visage agréable, air aimable.
Je ne fais plus attention depuis longtemps. Passée de l'autre côté, j'exige clopes, private jokes et musique à mon goût, des baisers pour un peu, j'aurais assez bu pour ne plus faire attention du tout. B veut m'embrasser. Je retrouve sa gentillesse de nounours qui s'inquiète.
J'ai bien du croiser un regard un peu intense de la petite brune envoyé à J, j'ai bien du entendre des mots qui réclament et des mots qui cachent quelque chose, mais anyway, ce soir je suis là. Tu es là. Bientôt nous deux.
On monte l'escalier. B demande où je dors : avec lui, au 1er? Non merci, moi c'est le 2eme étage maintenant. Alors on monte. Et là, problème : on est trois, non? Toi, moi, la petite brune. Après ça s'emmêle, je crois qu'ils parlent mais je ne comprends pas, pas envie d'entendre. On est dans la cuisine, je pleure, je crie en pleurant, ses mains dans mes cheveux : "J'aimerais tellement être vraiment avec toi". Dit-il.
On sonne. Je pleure, je crie, je...vomis. Claque la porte pour ne pas entendre, surtout ne pas comprendre que la petite brune dit "je voudrais dormir avec toi". Tout est emmêlé, tout s'emmêle, on n'en sortira pas, moi je vais me coucher.
Ce matin, c'est sur le canapé que je me réveille, J. dort par terre à côté de moi, sa main tient la mienne qui pend dans le vide. Accroche-moi, accroche-toi. Peu à peu le puzzle se recompose, et j'ai du mal, vraiment, à le regarder. Tout ce que je veux c'est ma tête dans ton cou, chut. C'est vraiment une matinée à se taire, à écouter les marteaux piqueurs qui pilonent le mur de la maison. A fermer les yeux.
J'avais fermé la porte, qui a donc du être défoncée. Il a cru que j'étais dans le coma ou pire. Des dizaines de minutes de sonnette en continu n'y ont rien fait, je dormais. Non je n'étais pas dans le coma, chéri tu m'as juste assommée, là.
De l'humiliation d'être la fille dans la cuisine, de la gêne aussi, pour cette autre fille de qui je jouerai peut-être bientôt le rôle, je préfère ne pas parler. Oui c'est une matinée pour se taire, pour oublier.
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