30.3.08

Blanc. (you're not in this movie, you're not in this song)

On passe à l'heure d'été. Demain il sera trop tard. Le m*n*bar est blanc. Vidé, repeint. Il faut être habillé de blanc pour y entrer. Je ne savais pas, alors on m'a prêté un t-shirt, sans quoi je serais restée à la porte. Avec mon uniforme noir, mes cheveux noirs, mes idées noires. Tout ce blanc hésite entre Orange mécanique et la Boum (pour les boîtes de nuit des années 80, lumière noire et boule disco).

Je bois, je fais comme tout le monde. Et J n'est pas là, mais ses invitées si. A ma gauche, je me concentre très fort sur ce que me raconte Pierre. A ma droite, les invitées parlent de J. Oui oui, je ne sais pas ce qu'il a, il est resté seul chez lui.

Elles ne savent pas ce que leurs paroles touchent d'intime en moi, parce que personne ici, S mise à part, ne le sait.
Je suis déjà loin, je monte l'escalier, derrière la porte j'écoute les voix d'un film, le calme et le silence. Je frappe à la porte pour le principe, il n'est là pour personne. Pour dire je suis là, pour le dire même juste un peu, je suis là quand même et je te laisse tranquille quand même. J'espère.

Donc j'ai bu. Donc j'ai regardé H. Je suis allée m'assoir à côté de lui, pour qu'en en finisse. H, fantasme du m*n*bar, fantasme oublié depuis quatre mois. H dit je te trouve incroyablement attirante, H dit j'ai une copine, H dit tu es invitée ce soir à dormir chez moi. Moi je dis on joue au jeu du regard, je dis je suis amoureuse de quelqu'un, je dis je ne veux pas dormir chez toi mais tu peux venir à la maison. C'est facile et absolument dénué de sens.

Et puis H m'embrasse et j'embrasse H dans un coin du m*n*bar, là où je suis tombée amoureuse, j'embrasse H devant tout le monde mais après tout personne ne le sait, que je suis amoureuse. Je me sens un peu coupable quand même, je suis bête, je me sens coupable même si je ne trahis personne, je me trahis, je trahis une certaine idée en moi, je trahis un endroit.

Dans la rue, H m'embrasse tout le temps, j'ai cette tentation de pleurer dans les coins où il essaie de m'attirer, alors je fixe ce que je ressents : absolument rien. Je vais baiser avec le mec qui habite en face de chez J, sur le même palier, je vais baiser avec son voisin pendant qu'il est seul chez lui. Et c'est comme si j'enfonçais J un peu plus. C'est terriblement faux. Mais j'aimais bien être la plus pure de l'histoire, être celle qui supporte ses "faiblesses", ses infidélités, drapée dans mon amour et dans mon dévouement, j'aimais bien nourrir ça dans mon imagination détraquée, et là dans le métro, à demi allongée sur la banquette, il y a de ça qui meurt un peu, il y a de la fierté qui s'en va, il n'y a pas de vengeance, il n'y a rien, il n'y a absolument rien, il y a l'alcool et l'idée puérile que je suis jeune, belle et désirable et que je vais en profiter, mais non, il n'y a rien de tout ça, maintenant dans le métro, et la langue de H dans la bouche je voudrais être déjà endormie.
H est absolument correct. H me regarde dans les yeux et dit des choses que je ne comprends pas en allemand. H me caresse les cheveux et je n'arrive pas à toucher les siens. Je crois que c'était bien, objectivement oui c'était bien, mais je n'étais pas là.

J'ai appris deux choses : les coups d'un soir, ça m'ennuie, au fond; je le savais déjà, ça faisait longtemps c'est tout, et j'ai juste vérifié. Mais les coups d'un soir quand je suis amoureuse, combinaison inédite, ça m'ennuie et ça ne me fait aucun bien.
Journalistiquement parlant, et même si le nombre de deux ne peut avoir aucune valeur statistique, je confirme : le garçon allemand, ou du moins berlinois, est bruyant. Très.



"Consequence" de The Notwist est la chanson que j'écoute depuis deux jours complets.

(Ce matin, j'ai écouté du Schubert, j'en ai emprunté à la bibliothèque hier, et ça m'a rappelé ces autres dimanches matins dans le grand salon meublé de livres, quand O. tu jouais pour moi ces matins-là. T'en souviens-tu aussi?

Je ne sais pas être vraiment légère, je ne suis pas une fille très marrante, au fond. Cette nuit, l'illusion a été parfaite, je n'avais été aussi indifférente. C'est une victoire et aussi une défaite. Qu'est-ce que je vais devenir? A prendre tout à coeur comme ça.

Alors des envies d'ordre, des envies de problèmes réglés, des envies de rigueur de nouveau. Envie aussi de retrouver ma bulle avec mes pensées amoureuses dedans, calme, un peu triste pourquoi pas.)

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