Double you

Vision fugace du bonheur, cette nuit vers 3h30 : à ma gauche, jeune homme 1 que je déstabilise visiblement, à ma droite jeune homme 2 qui me déstabilise, et sur l'accoudoir de mon fauteuil, jeune homme 3 qui cherche à accaparer mon attention.
Jeune homme 1 et moi on s'est rencontrés ce soir. Entrée en matière agressive et accrocheuse. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu un coup de foudre amical (pas dit d'ailleurs qu'il resterait bien longtemps "juste un ami" s'il ne vivait pas à 1000 bornes. bref.)
Jeune homme 2 est cheveux longs faussement négligés et regards de biche apeurée et provocante surplombant un bon mètre 90. Hum.
Jeune homme 3 est "aus Island" et se moque de moi.

JH 1 et moi on se moque de JH2 et de ses regards à mon endroit. Et puis le côté grand/beau/brun/esseulé, pas mon truc. Que je dis. Alors on se moque de lui tous les deux, ce qui ne m'empêche pas de lui lancer des regards en même temps.
JH 1 et moi on appelle pétasses les autres filles de la soirée.
Entre les trois JH, je suis bien. Je pense à J dont la voix va me réveiller le lendemain matin, pour me réveiller et m'emmener aux puces avec lui.
Je suis rentrée en métro avec JH 2. C'était pour continuer à démonter avec JH 1 les rouages de la séduction façon grand ténébreux. Enfin je crois.

Sur le chemin, on improvise un dialogue avec notre allemand défaillant, au rythme d'une phrase toutes les 5 minutes. "Les oiseaux chantent". Nous parlons à voix presque basse. Il est vraiment beau, son regard me touche. Je voudrais serrer sa main quand il parle de la Grèce, et lui dire qu'il devrait retourner au soleil. Le calme me surprend avec les premières lumières du matin. Je voulais l'amener chez moi, le faire dormir dans mon lit, recouvrir l'odeur de J., oublier l'exclusivité, mais c'était tout à l'heure, et seulement pour le réveil par la voix de J., quelqu'un d'autre à côté de moi.

Grand ténébreux m'a serrée dans ses bras en disant au revoir, à l'allemande. On se reverra peut-être, il dit. Oui, peut-être. Et quand on se croisera, je ne dirai pas que ça m'a rendue triste de ne pas avoir eu envie.